Paru dans Courrier Cadres
« Réseauter sur internet, c’est utile mais pas
suffisant ! »
Lise Cardinal n’a pas volé son
surnom de « papesse du réseautage responsable » : depuis plus de
20 ans, elle forme, informe et publie des ouvrages pour diffuser sa méthode
maison de réseautage. Basée à Montréal, cette militante hyper dynamique de 69
ans, a joué des coudes toute sa vie pour percer le plafond de verre qui
sévissait à l’époque. Son arme imparable ? Les réseaux bien sûr ! Au
départ, elle crée les premiers réseaux de femmes d’affaires au Québec. Puis, de
fil en aiguille, elle capitalise son expérience en la matière dans le premier
ouvrage francophone sur le sujet. Et fait un tabac. Depuis, elle sillonne le
globe pour diffuser la bonne parole : réseauter, c’est une attitude, un
mode de vie. Et attention à son franc parler typiquement québecois !
Pourquoi le réseautage prend-il
une telle importance actuellement ?
Aujourd’hui les entreprises
recherchent avant tout des personnalités. Certes il veulent des gens
compétents, mais l’expertise est largement répandue de nos jours. En revanche,
ce qui compte, c’est de trouver une personne qu’on souhaite intégrer dans une
équipe, une personne fiable et dotée de vraies qualités morales. Ainsi, vos
compétences si développées soient-elles ne serviront à rien si votre attitude,
votre démarche ne conviennent pas. C’est pourquoi le réseautage devient
fondamental. Ce sont les relations humaines qui font émerger les gens gentils,
serviables, fiables, fréquentables … Autrefois, le critère pour être recruté,
c’était ce que vous connaissiez. Puis c’est devenu qui vous connaissiez.
Désormais, ce qui importe, c’est qui vous connaît. Et pour qu’on vous
connaisse, il faut qu’on ait entendu parler de vous, de vos réalisations, de
vos forces. Vous pouvez être le génie du siècle, vous ne trouverez aucune issue
si personne n’a entendu parler de vous. Et pour sortir de l’anonymat, il faut
se mettre sur le trottoir et réseauter.
Quelles sont alors les qualités
fondamentales pour « bien » réseauter ?
En réseautage, il faut donner
avant d’espérer recevoir. La semence doit précéder la récolte. On ne va pas au
guichet bancaire retirer de l’argent si on n’a pas effectuer un dépôt
auparavant. Pourquoi ne pas aider l’autre ? La plupart des gens déteste
tellement être en dette ! Si vous donnez, l’autre vous le rendra
forcément.
Les techniques de réseautage sont
enseignées dès la première semaine aux étudiants du MBA de Harvard. On leur
enseigne à faire confiance à leur intuition, à se présenter en moins de dix
mots, de façon à ce qu’on se souvienne d’eux, à exprimer clairement leurs
attentes et besoins, et à effectuer le suivi des contacts amorcés. Nous allons
voir d’importants changements dans l’attitude de ces étudiants : ils sauront
garder le contact. Et avec les moyens techniques actuels, rien de plus
facile !
Les réseaux sur internet ne sont
qu’un outil ?
Internet est un moyen formidable
d’abord pour garder la trace de nos relations. Mais il est vrai qu’il permet
aussi d’entrer en contact avec de nouvelles personnes. Les réseauteurs sur
internet viennent nous demander conseil à partir du moment où ils veulent
franchir le pas et expriment le désir de se rencontrer. Nous avons ici des
Français abonnés à de nombreux réseaux internet – LinkedIn, Viaduc, 6nergies, …
Notamment, les membres français de Viaduc se rencontrent chaque mois à
Montréal. Et Alain Lefèvre, le patron de 6nergies nous a également contactés
pour prendre conseil et développer son réseau vers les rencontres physiques. Je
considère qu’internet est utile, mais qu’il a ses limites : pour faire
confiance à quelqu’un, il faut le rencontrer. Alors en effet, tous les moyens
sont bons si l’objectif reste d’arriver à un face à face avec une personne. Le
réseautage, c’est comme le tango, ça s’apprend. Mais pas par
correspondance !
Pourquoi manifestez-vous une
certaine méfiance face aux réseaux internet ?
Je suis probablement trop vieille
pour me passionner pour ce média. Ce que je déplore surtout, c’est que ceux qui
passent leur temps sur internet sont introvertis. Et risquent fort ressembler à
ces génies méconnus qui ne sortent pas de leur coquille !
Propos recueillis par Corinne
Zerbib
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